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Une exposition londonienne sur l’importance du brouillard dans l’œuvre de Dickens.

 

« Great and dirty city : Dickens and the London Fog », ce titre fait référence à une exposition qui se tient actuellement au Musée Charles Dickens de Londres. Elle traite de la question du brouillard de pollution qui a inspiré nombre de ses romans mais qui a aussi contribué à accentuer l’asthme dont souffrait l’écrivain défunt.

Les lecteurs de Dickens savent très bien que le brouillard est une caractéristique prépondérante de ses romans, recouvrant Londres tout en traversant rues et ruelles…avant de finalement laisser son empreinte dans le cœur de ses concitoyens.

Omniprésent dans ses écrits – dont quatre rédigés chez lui, à « Doughty Street » dans la banlieue londonienne de Holborn : « Nicholas Nickleby », « Les aventures de monsieur Pickwick », « Oliver Twist » et « Barnaby Rudge » – le plus « nébuleux » est peut-être « Bleak House » (La maison d’Âpre-Vent), qu’il commence en mentionnant « la fumée qui sort des cheminées ». Dans « Un chant de Noël », le brouillard entre dans le bureau de Scrooge, le célèbre protagoniste, s’insinuant dans « chaque fissure et chaque trou de serrure ». Avec « David Copperfield », le brouillard est perçu par le héros « de la fenêtre de ma chambre (…) comme une grande chappe de vapeur sous laquelle, çà et là, des rayons de lumières apparaissent. ». On notera sa présence aussi dans « Dombey et fils », « Le mystère d’Edwin Drood », « Les grandes espérances », « Martin Chiselwit », « Le vieux magasin d’antiquités » ou encore « Notre ami commun », dans lequel Dickens mentionne une brume telle « un éclair, un bourdonnement et un étouffement ».

Ce brouillard de pollution recouvrant Londres faisait partie intégrante de la vie des habitants de la capitale britannique lorsque Dickens s’y installa sur Dotty Street en 1856 et jusqu’à son décès en 1970. À cette époque, la population londonienne a assisté à la montée en flèche du taux de pollution ayant entrainé une augmentation significative de son brouillard, exacerbé par les usines au charbon implantées au cœur d’une ville densément peuplée. 

L’exposition organisée par le Musée Charles Dickens, ouverte jusqu’au 22 octobre, explique l’apparition de ce phénomène climatique dans l’œuvre de Dickens et comment cela a affecté sa santé et celle des membres de sa famille mais aussi, comment la ville a tenté, et échoué ! de s’attaquer à la pollution tout au long de ces 200 dernières années.

« Il existe de nombreuses preuves des souffrances éprouvées par Dickens et sa famille à cause de l’asthme. » a déclaré le Dr. Nicholas Cambridge, auteur de « Bleak House : L’histoire médicale de charles Dickens et sa famille. ». Dans le cas de l’écrivain, il s’agirait d’une combinaison entre pollution environnementale et mode de vie, en particulier son amour pour les cigares. Mais il existe de nombreux témoignages de Dickens se plaignant de douleurs à la poitrine. Dans ses lettres, il y décrit des halètements, une toux continuelle du matin au soir. Il la mentionne comme étant profonde et persistante après un rhume. Selon Frankie Kubicki, conservateur du musée, Dickens vivra dans le brouillard toute sa vie. C’est pourquoi il l’a influencé – ainsi que ses personnages – et est devenu source d’inspiration, occupant une place prépondérante dans ses livres. Mais ce smog n’a pas toujours été perçu de manière négative. Souvent utilisé par Dickens pour illustrer une force malveillante ou mystérieuse, la vue des feux de charbon de Londres et des lampadaires scintillants peut donner un sentiment d’intimité. Et d’ajouter : « Bien qu’il représente une source de terreur pour les voies respiratoires, il peut être source de fierté et de nostalgie du passé pour les londoniens. L’exposition d’aujourd’hui montre comment les querelles politiques récentes sur la pollution à Londres n’ont rien de nouveau et comment des intérêts conflictuels entravent l’assainissement de la ville. »