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C’est paru sur le site des éditions Gallimard il y a quelques jours. Les auteurs sont priés de ne plus envoyer, momentanément, leurs manuscrits à la maison d’édition submergée en cette période de crise. Une attitude qui suscite diverses réactions dans le milieu littéraire voire de l’incompréhension.

« Compte tenu des circonstances exceptionnelles, nous vous demandons de surseoir à l’envoi des manuscrits. Prenez soin de vous toujours et bonnes lectures. » C’est le message que la célèbre maison d’édition affiche actuellement sur son site internet. Avant la crise sanitaire, Gallimard recevait une trentaine de manuscrits par jour. Mais depuis mars 2020 et les confinements successifs, ce chiffre est monté à 50 par jour ouvré. La maison d’édition qui souhaite accorder une égale attention à tous croule sous les demandes et n’arrive plus à faire son travail. D’où ce conseil adressé aux auteurs de cesser leurs envois pour le moment.

Mais cette politique est loin d’être suivie par les autres maisons. « Depuis janvier, j’en reçois beaucoup, expliqueLaure Belloeuvre, directrice du service des manuscrits au Seuil. J’arrive à regarder tous les manuscrits qui me parviennent, donc, je n’ai pas l’intention de demander aux auteurs d’arrêter de m’envoyer des manuscrits. Je l’ai fait une fois, au moment du [premier] confinement. C’était quelque chose de particulier que je n’ai pas aimé faire. »

Une année record ?

Reste à assurer le travail pour les éditeurs. Le Seuil, par exemple, qui reçoit habituellement 3 500 manuscrits par an, a réceptionné depuis janvier 1 200 manuscrits en trois mois. Si le rythme se maintient, 2021 sera une année record.

En même temps, la fermeture des librairies à deux reprises en 2020, au printemps et à l’automne, a entraîné des reports de parution, provoquant un embouteillage en 2021. En plus, depuis dix ans, les Français lisent de moins en moins. Et le confinement n’a pas arrangé les choses. Selon un rapport publié par le Centre national du livre fin mars, « l’année 2020 est marquée par une baisse globale de la lecture ». Chez les jeunes entre 15 et 24 ans, seulement 80% se considèrent aujourd’hui comme lecteurs, un recul de 12 points par rapport à l’enquête 2019.